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Le patient gaming: éloge du sang froid

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FranceDarwine

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C'est un article du Canard Pc qui traite d'un sujet de société dans le monde du gaming.
Je ne fait que le récupérer tant qu'il est dispo.
Attention, Assassin's Duty : Battle for Montargis va sortir dans quelques jours ! Couvertures de magazines, publicités, émeutes sur les réseaux sociaux, c'est le jeu de l'année. Même votre coiffeur l'a précommandé. Votre carte bancaire est dans les starting-blocks et vous avez déjà déposé deux jours de RTT. Mais attendez... Faisons une pause, respirons calmement. Est-ce vraiment une bonne idée de jouer à un jeu vidéo dès sa sortie ? Dans une discrète ruelle d'Internet prospère une communauté de joueurs qui sont persuadés du contraire. Ils s'appellent les patient gamers, et ils ont peut-être trouvé le secret du bonheur ludique éternel.

Sommaire du dossier :

I. Le patient gaming

II. Entretien avec deux responsables de /r/patientgamers

Par ackboo | le 9 avril 2018

Lorsque vous arrivez sur le subreddit PatientGamers, quartier général anglophone de la communauté des joueurs patients, forte de près de 200 000 membres, l'ambiance n'a rien à voir avec celle d'un forum de jeu vidéo classique. En ce moment, on ne s'y excite pas sur Far Cry 5, Sea of Thieves ou Vermintide 2. Ce serait très mal vu. Dans ce lieu hors du temps, du buzz et de la hype, des modérateurs implacables (voir l'interview de leur chef plus loin dans ces pages) censurent toute mention de jeux vidéo récents. Alors de quoi parlent-ils ? À l'heure où j'écris, un utilisateur explique qu'il vient de terminer L.A. Noire (2011). Un autre raconte avoir découvert et adoré The Witcher 3 (2015). On y voit aussi des messages enthousiastes sur Bioshock 2 (2010), TIE Fighter (1994), Ghost Recon Wildlands (2017), Ori and the Blind Forest (2015), Personna 5 (2016) ou encore Mount and Blade Warband (2010). Du vieux, mais du bon.

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Les recherches Google pour un des jeux les plus recommandés par les patient gamers, Assassin's Creed IV : Black Flag. On y voit très bien que le pic d'intérêt démarre à la sortie du jeu et se termine précisément six mois plus tard.


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La règle officielle du patient gaming est précise : il faut attendre au moins six mois après la sortie d'un jeu.

J'attendrai 180 jours et une nuit. Le patient gaming est une bestiole très différente du rétrogaming. Ici, on ne cherche pas forcément le look 8 bits, les gros pixels et la musique à base de bip-bloup. La pratique consiste à acheter, jouer et terminer les jeux lorsqu'ils ont atteint une période particulière de leur existence. Ils ont quitté les feux de la rampe, ne font plus les couvertures des magazines, mais ne sont pas encore devenus des fossiles ludiques que les rétrogamers pratiquent par pure nostalgie. Dans la communauté des joueurs patients, la règle officielle est carrée, précise : il faut attendre au moins six mois après la sortie d'un jeu. Et c'est une pratique qui s'est intensifiée ces dernières années. Regardez le classement quotidien des meilleures ventes Steam et vous y verrez de nombreux titres parus il y a plusieurs trimestres. C'était impensable dans les années 1990 et 2000 : les jeux se vendaient en masse dans les deux ou trois semaines suivant leur sortie en magasin, puis les boîtes disparaissaient au fond des rayons, remplacés par une nouvelle fournée. La dématérialisation a tout changé. Les jeux vidéo sont désormais des long-sellers, comme on dit en marketing. Le patron d'un studio français nous confiait récemment qu'il était même étonné de l'ampleur du phénomène : un de ses titres sorti au début des années 2010 continuait encore de générer un chiffre d'affaires considérable, sans signe de ralentissement.

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Le temps moyen pour qu'un jeu bénéficie d'un premier rabais de 30 % est d'environ 130 jours. Pour acheter à moitié prix, il faut attendre 260 jours.

Une analyse micro-économique des gains monétaires réalisés via une stratégie d'achat temporellement optimale basée sur l'attentisme vidéoludique
La communauté des patient gamers exige de ses membres qu'ils attendent six mois après la sortie d'un jeu avant de s'y intéresser. Mais cette durée est-elle vraiment optimale pour ceux qui veulent avant tout réaliser des économies ? Pour répondre à cette question, nous avons sorti le boulier et concocté un panier de 30 bons jeux sortis sur Steam entre 2014 et 2017. Il s'agit principalement de titres AAA de gros éditeurs ou de jeux indés premium (vendus entre 20 et 30 euros) à succès. Il est assez représentatif de ce qu'un joueur passionné aurait pu acheter ces dernières années. Nous avons privilégié les longues aventures solo, car les jeux multijoueurs vieillissent moins bien (la fréquentation de leurs serveurs chutant rapidement). Ensuite, grâce au site SteamDB.info, nous avons analysé leur historique de prix. Deux données nous ont intéressés : le nombre de jours à patienter avant de voir un premier rabais de 30 %, puis de 50 %. Le chiffre principal à retenir de nos calculs de marchand de tapis est le suivant : en moyenne, pour acheter un jeu à −30 %, il faut attendre environ 130 jours. C'est très peu, et cela montre à quel point la politique tarifaire de Steam (établie en accord avec les développeurs) est agressive. Rendez-vous compte, cher ami : il suffit de patienter quatre ou cinq mois après la sortie des jeux pour augmenter d'un tiers son pouvoir d'achat vidéoludique... Au-delà, le rendement marginal de la patience semble décroissant. En effet, si vous avez déjà attendu 130 jours pour économiser 30 %, vous devrez vous tourner les pouces 130 jours supplémentaires (soit huit mois et demi au total) afin de bénéficier d'un rabais à −50 %. Pour certains jeux très populaires, comme Grand Theft Auto 5 et Rocket League, l'attente sera même de deux ou trois ans. C'est somme toute logique : les studios qui croulent déjà sous le pognon n'ont pas besoin de solder leurs produits. Enfin, notez qu'il est extrêmement rare, sur Steam, de tomber sur un jeu populaire n'ayant jamais été soldé. L'excellent Rimworld fait donc figure d'exception, avec un prix de 28 euros qui n'a pas bougé depuis plus de deux ans. Ça ne l'a pas empêché de dépasser le million d'exemplaires. Si vous souhaitez appliquer cette stratégie de l'attente pour faire des économies sur votre budget jeu vidéo, sachez tout de même qu'il vous faudra une certaine organisation. Les rabais Steam étant généralement très limités dans le temps (quelques jours, voire parfois quelques heures), n'espérez pas trouver tous les jeux à prix réduit au moment où vous aurez envie de les acheter. Afin d'optimiser vos dépenses, il est indispensable d'établir une liste des jeux qui vous intéressent au fur et à mesure qu'ils sortent, puis d'utiliser des sites spécialisés afin de les choper à vil prix au bon moment. Nous vous présentons justement ce genre d'outils en encadré.

Bon pour l'esprit et le porte-monnaie. Il faut dire que la patience présente de nombreux avantages. À tel point qu'on se demande encore pourquoi acheter les jeux à leur sortie. On peut dresser une liste non exhaustive des bénéfices de cette pratique :

– les jeux sont beaucoup moins chers. Nous avons analysé les chiffres (voir notre encadré) et le résultat est sans appel. La patience fait du bien au porte-monnaie ;
– après six mois, les bugs ont été éliminés et les développeurs ont souvent corrigé tous les menus défauts signalés par les premiers acheteurs. Les joueurs impatients agissent en fait comme des bêta-testeurs au profit de ceux qui savent attendre. Merci à ces braves pigeons ;
– vous abordez le jeu l'esprit clair et ouvert, sans être pollué par les discussions sur les forums spécialisés, par l'avis du cousin Jérémy ou les critiques de la presse – sauf celles de Canard PC, qui sont toujours justes et représentent une vérité éternelle ;
– vous pouvez prendre le temps de désirer un jeu, et vous y mettre uniquement quand l'envie est là. Si vous venez d'enchaîner trois jeux d'infiltration, repoussez votre achat de Dishonored 2 au prochain semestre. Ça n'a pas d'importance, vous avez déjà des années de retard... Vous jouez donc en fonction de vos envies et pas du calendrier de sortie des éditeurs ;
– le jeu tournera probablement très bien. Si vous venez de changer de carte graphique, un jeu d'il y a deux ans tournera royalement avec un niveau de détail graphique élevé. Mettez toutes les options au maximum et admirez votre PC, qui vous crache 60 images par seconde en toute sérénité. Quel bonheur ;
– vous pouvez profiter de tout un tas de guides, de tutos et de wikis qui vous permettront d'aborder le jeu dans des conditions optimales. Soyez certain qu'un joueur impatient s'est déjà ruiné la santé à votre place pour tenter de comprendre les points les plus obscurs du gameplay.
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L.A. Noire
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Mad Max

À inclure dans votre régime. Bien sûr, il y a quelques inconvénients. Si le patient gaming n'en avait aucun, on ne verrait pas 500 000 perdreaux se précipiter sur un Kingdom : Come Deliverance le jour de sa sortie. En faisant le choix de la patience, on s'interdit de participer aux discussions enflammées du moment. On ne comprend pas les mèmes à la mode. Il faut filtrer les flux des réseaux sociaux pour éviter de se faire divulguer les meilleurs moments, ou s'enfuir en se bouchant les oreilles dès que les collègues à la machine à café parlent du boss de fin. Pour les titres multijoueurs, c'est encore plus risqué : le jeu sera forcément moins fréquenté (voire carrément mort) six mois ou un an après sa sortie. Même si le patient gaming a de nombreux avantages et bénéficie sûrement à tous les joueurs, nous n'allons pas vous encourager à en faire votre unique mode de consommation. Il faut varier les pratiques, poireauter gentiment pour certains titres et céder comme un chiot surexcité sur d'autres. Après tout, acheter un jeu le jour de sa sortie, en faisant dégouliner 60 euros de la carte bancaire le sourire aux lèvres reste un plaisir qu'il faut quand même s'accorder de temps en temps.

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Les outils du patient gamer

IsThereAnyDeal.com Le site incontournable de l'attentiste. IsThereAnyDeal vous permet de composer une liste d'attente des jeux qui vous intéressent et scanne en permanence leur prix sur 51 plateformes de distribution en ligne (Steam, Gog, Amazon, Humble Store, DLGamer, Gamesplanet, UPlay, Origin, Itch.io, GreenMan Gaming...). Après avoir créé un compte, vous choisissez un jeu, définissez un seuil de prix (par exemple « moins de 20 euros » ou « rabais de 30 % minimum » et le site vous envoie une notification dès qu'il est atteint. Vérifiez bien que vous êtes en zone « EU1 » en haut à droite de l'écran (c'est la région Steam pour la France). En bonus, il agrège aussi tous les coupons de réduction actuellement applicables. Notez aussi l'existence d'un site dérivé (par les mêmes auteurs), YesThereIsADeal.com, qui vous balance en permanence les promos records sur des jeux qui étaient peut-être passés sous votre radar. À utiliser de manière responsable, car c'est quand même le meilleur moyen de se retrouver avec un backlog de jeux Steam auxquels vous n'aurez finalement pas le temps de jouer...

CheapShark.com
Moins riche en fonctionnalités que IsThereAnyDeal, CheapShark permet surtout de voir en un coup d'œil toutes les promos disponibles le jour même sur un grand nombre de sites. Son intérêt réside surtout dans son interface, plus claire et aérée que chez son concurrent. Il y a un système de notification (par la petite icône e-mail à côté des jeux sur la page « Browser »), mais il est moins pratique et puissant que sur IsThereAnyDeal. Utilisez plutôt ce site ponctuellement, en vous disant : « J'ai envie de jouer à un jeu en promo, j'ai 10 euros à mettre aujourd'hui, qu'est-ce que je peux m'offrir ? »

HowLongToBeat.com Problème typique du joueur impatient : il achète sur un coup de tête tous les jeux à la mode, n'y passe même pas deux heures puis les laisse pourrir au fond de sa bibliothèque Steam. L'un des gros avantages du patient gaming est que ce mode de consommation raisonnable laisse le temps de finir les jeux. Et HowLongToBeat permet de savoir précisément l'investissement que cela demande. Il indique la durée de vie de chaque jeu et détaille même, quand c'est possible, les heures nécessaires pour terminer la quête principale, les quêtes annexes ou le mode « Completionist » à 100 %.

BeforeIPlay.com Comme son nom l'indique, ce site vous informe de ce qu'il faut savoir sur un jeu avant d'y jouer. Il regroupe des petites astuces et des conseils sur des centaines de titres, rédigés par ceux qui y ont déjà passé des dizaines d'heures. Ça ne remplace pas une vraie Wiki ou un tutoriel complet (ce qui se trouve facilement par une recherche Google), mais ça ne prend généralement qu'une minute à lire et ça évite les erreurs bêtes de débutants.

Can I run it? Après avoir installé puis lancé un petit utilitaire d'analyse du hardware (vous pouvez l'effacer juste après), Can I run it? permet de voir en un coup d'œil si votre machine dépasse les spécifications minimales ou recommandées pour un jeu que vous vous apprêtez à acheter. Les patient gamers attendent généralement que leur matos soit largement au-dessus des spécifications recommandées pour acheter un jeu, afin d'y jouer dans des conditions optimales.

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C'est sur le subreddit /r/patientgamers que le phénomène du patient gaming s'est structuré et a pris de l'ampleur.


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